Ce texte peut évidemment être discuté voire rejeté, il n’exprime qu’un point de vue.
Très à la mode, cette « philosophie » a au moins deux qualités. Multiplier le nombre de prises d’un même poisson donc satisfaire plus de pêcheurs et donner l’illusion d’un cours d’eau poissonneux ; satisfaire la bonne conscience du pêcheur qui n’aura pas tué d’animal. Ces deux motifs ne sont pas entièrement recevables.
Le premier n’est qu’un masque à la dégradation des eaux de surface et à la diminution catastrophique de leur faune.
Le deuxième n’enlève rien à l’acte cruel qui pour le plaisir d’un humain fait souffrir un autre être vivant. De plus, le no-kill ne garantit pas la survie du poisson capturé. Il faudrait au moins s’interdire l’utilisation d’ardillons (pêchées sans ardillon près de 5% des truites relâchées meurent contre 34% avec ardillon « A Met-analysis of hooking mortality …de Taylor et White 1992 ») réduire le plus possible la durée du combat et se priver de l’inévitable photo qui pourtant fait, pour la vanité du pêcheur, presque tout l’intérêt de la capture. Le brochet est particulièrement concerné. Les leurres sur armés ne correspondent pas à l’exigence de limiter les blessures et la taille légale (entre 60cm et 80cm) entraîne plus de captures à relâcher légalement que de prises « gardables ». Et ne parlons pas de la pêche au vif. La pêche au fouet semble la plus respectueuse mais elle est peu pratiquée. La truite est aussi victime. Aux leurres, les problèmes sont les mêmes que ceux cités pour le brochet. Aux appâts naturels, dans des mains inexpertes, le poisson avale souvent profondément. A la mouche, les pêcheurs d’ombres, en no-kill, en automne attrapent plus de truites que d’ombres. Sortir une truite d’une livre avec un hameçon de 18 monté sur un fil fin nécessite un certain temps.
Le poisson sera-t-il en état d’aller frayer quelques semaines plus tard ? L’idée d’une pêche ouverte sans restriction de dates ou de techniques mais avec un quota 0 (c’est à dire en relâchant tout) semble particulièrement dangereuse. Des arguments pro no-kill complémentaires sont apparus.
Les poissons souffrent peu des piqûres à la gueule. La preuve : les brochets engament sans douleur apparente perches épineuses et poissons-chats aux nageoires acérées.
Les gros hameçons font moins de dégâts que les petits. Ils coupent moins les chairs !
Aucune bonne solution n’est évidente mais comme chaque pêcheur se prétend exemplaire peut-être qu’émergeront de réelles mesures de protection des cours d’eau et des poissons en particulier.